Religions, cultures et circulations
Les séminaires de spécialité Religions, cultures et circulations sont assurés par le Pr. Florian MICHEL, à destination des étudiants de Master 1 et Master 2 (cf. programme 2024-2025 au premier semestre).
L’histoire religieuse est une clé nécessaire pour l’intelligibilité de la période contemporaine. Il importe qu’au temps de la « sainte ignorance » (Olivier Roy) et de la sortie de la religion de l’horizon culturel, les étudiants de Master puissent recevoir les éléments d’un lexique précis en histoire religieuse contemporaine.
Depuis la Révolution française, c’est en effet un ensemble de notions fondamentales qu’il faut ressaisir : violences anticléricales, déchristianisation, séparation des Églises et de l’État, laïcité, sécularisation, déprise, religions séculières, religions civiles, etc. En sens opposé, ce sont les notions de réveil, de recharge, de renouveau, mais aussi d’intransigeance, d’intégrisme, de fondamentalisme, de missions, dans les campagnes, dans les colonies et au-delà du cadre colonial, etc. Plus finement, ce sont les enjeux de liberté de conscience, de liberté religieuse, de modernisation religieuse, de « mise-à-jour », d’œcuménisme, de dialogues interreligieux, de pacifisme religieux, de globalisation de certaines religions, par l’émigration ou le phénomène diasporique, de théologie politique, etc. qu’il faut appréhender, de sorte que selon la formule de Régis Debray l’on passe d’une « laïcité d’ignorance » à une intelligence renouvelée de la laïcité.
Les séminaires d’histoire religieuse, s’inscrivant dans une démarche transversale et globale, examinent les interfaces historiographiques : histoire sociale, histoire politique, histoire culturelle, histoire des mœurs, histoire des relations internationales. Les séminaires présenteront l’émergence de l’histoire religieuse comme discipline académique, et le passage d’une histoire « des Églises » et des religions, souvent dans des perspectives identitaires – apologétiques ou anticléricales – ou restreintes au cadre de l’État-nation, à une histoire de l’inscription du religieux dans l’histoire politique et culturelle, et à l’intégration des circulations religieuses au sein d’une histoire des échanges internationaux et des relations internationales.
Dominique Avon, L’histoire religieuse contemporaine en France, Paris, La Découverte, 2022
Jacques-Olivier Boudon, « L’histoire religieuse en France depuis le milieu des années 1970 », Histoire, économie & société, 2012/2 (31e année), p. 71-86
Robert Frank, « Religion(s) : enjeux internationaux et diplomatie religieuse », dans Robert Frank (dir.), Pour l’histoire des relations internationales, Paris, PUF, 2012, p. 407-435
Denis Lacorne, Justin Vaïsse, Jean-Paul Willaime, La diplomatie au défi des religions. Tensions, guerres, médiations, Paris, , Odile Jacob, 2014
Michel Lagrée, « Histoire religieuse, histoire culturelle », dans Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997, p. 387-406. Article repris, dans Religion et modernité, France, XIXe et XXe siècles, Presses universitaires de Rennes, 2002, p. 35-49
Jean-Marie Mayeur (dir.), L’histoire religieuse de la France (19e-20e siècle). Problèmes et méthodes, Paris, Beauchesne, 1975
John T. McGreevy, Catholicism. A Global History from the French Revolution to Pope Francis, New York, W. W. Norton & Company, 2022. (Ouvrage à paraître en français, DDB, 2024).
Florian Michel et Gilles Ferragu (dir.), Diplomatie et religion. Au cœur de l’action culturelle de la France au XXe siècle, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2016.